Laura Hortense © MG |
Je mets un point d’honneur à ne chroniquer que des groupes pas très connus. Pour la simple et bonne raison que c’est plus agréable pour moi et pour toi de découvrir des horizons différents. Il y a les coups de cœur, les belles découvertes, les curieuses trouvailles. On aime ou on n’aime pas, mais j’essaie de taper dans la diversité.
Par contre, aujourd’hui, j’aimerais inaugurer dans le coup de gueule. Euh…le dernier Black Keys, on en parle ou pas ? Nan parce qu’il me donne pas du tout la fièvre, personnellement. Je laisse la parole à mon amour de guitariste révolté (des The Black Electrics), qui va t’expliquer pourquoi on n’en veut pas. De son oreille affûtée, Florian te décrypte l’évolution décevante de ce groupe qui nous promettait tant.
« Les Black Keys font partie de cette nouvelle vague du blues-rock apparue dans les années 2000, explique Florian. Ils ont contribué à donner un véritable coup de fouet à ce genre, arborant le code simple du duo guitare-batterie, avec de vieilles guitares en plastique des 60’s, et des reprises de standard blues de manière fuzzy et rugueuse. Depuis le très bon « Brother » sorti en 2009, le groupe avait décidé d’élaborer de véritables albums studio comprenant moultes orchestrations, ainsi qu’une multitude de nappes de synthétiseurs poussiéreux. Leur consécration venait cependant trois ans plus tard avec « El Camino », où le duo prenait vraiment une portée internationale ainsi qu’une tournure plus pop.
Fin mars 2014 parait « Fever » :
suivi début avril par «Turn Blue » :
afin de préparer l’arrivée du nouvel album, avec décidément et tristement ce même virage pop. A l’écoute, j’ai été frappé par l’aseptisation du son qui fait que l’ensemble est quasi chirurgical. C’est à les imaginer dans leur studio, à se demander comment les minettes de 20 ans qui ont payé 270$ leur pass trois jours pour Coachella vont pouvoir reprendre en chœurs les refrains de leurs tubes. Voilà une bien triste histoire…
Dan Auerbach, le guitariste-chanteur devenu le producteur en vogue d’une multitude d’artistes (Ray LaMontagne, Lana Del Rey, Dr John), a décidément trop trainé dans les studios. Il fait dorénavant de la musique léchée, à des années-lumière de « The Big Come Up » (premier album des Black Keys paru en 2002, qui, pour le coup, est un petit bijou de blues).
A force de comparaison avec les Whites Stripes, les Black Keys semblent épouser définitivement la musique pop. L’avenir du blues rock reste donc dans les mains de Jack White, dont l'album «Larazetto» paraît bientôt.
Là, dans cette superbe alternative, il y a du propos, de la tenue et un véritable esthétisme qui ne surfe pas sur la gloire du rétro-revival d’un néo psychédélisme sans propos.»
Et toi, qu’est-ce que tu en as pensé ? Nous en tous cas, on attend avec impatience le fin mot de l’histoire. Rendez-vous le 12 mai pour la sortie de leur album ! Et si ça confirme nos appréhensions, on pourra toujours se consoler en juin avec l’album de Jack White.
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