Accéder au contenu principal

Randa Maroufi, artiste indisciplinaire

Randa Maroufi © Daphné Hérétakis
Artiste pluridisciplinaire ou "indisciplinaire" comme elle aime le penser, Randa Maroufi est une femme qui ne manque pas d'audace. 
Diplômée de l'Institut National des Beaux-Arts de Tétouan (Maroc) et de l’École Supérieure des Beaux-Arts d'Angers (France) en design graphique et art-médias, elle a récemment intégré Le Fresnoy - Studio National des Arts Contemporains pour un post-diplôme en cinéma, arts visuels et création numérique.

Née artistiquement après la révolution des médias et des images, elle fait partie de cette génération d'artistes qui se sont arrachés aux paradigmes qui régissaient la scène artistique marocaine post-coloniale, pour trouver leur place entre tradition et modernité et porter une réflexion sur la société qui les entoure.

ABI LAÂZIZ (trad : cher papa), Fiction, 15’28”, HD, 16/9, 2013 © Randa Maroufi

ABI LAÂZIZ (trad : cher papa), Fiction, 15’28”, HD, 16/9, 2013 © Randa Maroufi

Randa Maroufi traite le réel à travers des fictions et des mises en scène, des processus narratifs qui le recomposent et le transforment. Elle tente d'interroger la question de la représentation, de démontrer que toute image est une fabrication, avec ses enjeux et son discours, ainsi que la question du genre dans toute sa complexité.

Avec sa série de photographies intitulée "Reconstitutions : gestes dans l'espace public" (2013), actuellement exposée à l'Institut du Monde Arabe dans le cadre de l'exposition Le Maroc contemporain jusqu'en janvier 2015, Randa Maroufi reformule des images récoltées sur Internet en les rejouant à travers une mise en scène pensée et programmée avec minutie. En les recomposant et en leur apportant une dimension théâtrale, elle dénonce une réalité - celle d'une provocation ordinaire souvent banalisées, des tensions vécues par les femmes - et place le spectateur dans le conflit pour l'amener à modifier sa perception de la réalité. 

"Les comédiens sont souvent des personnes que je choisi in situ lors du repérage, et que je coache pendant quelques jours. Les images sont réalisées dans la même ambiance qu'un tournage d'un film."

Sans titre#5, Photographie couleur, 73 x 110 cm, 2013 © Randa Maroufi

Sans titre#1, Photographie couleur, 165 x 110 cm, 2013 © Randa Maroufi

Untitled#2, from the series Reconstitutions, 2013 © Randa Maroufi

"Tout ce que je fais, je le fais parce que je dois le faire, parce que quelque chose en moi me pousse à le faire." R.M.
  
Ses œuvres engagées apparaissent souvent comme de véritables étendards politiques, et ce n'est pas sans inconvénient. "Ce n’est pas difficile mais ça demande de la patience et de l’intelligence. Ce qui est le plus difficile, en tout cas pour moi c’est de combattre l’autocensure."

Tentatives de séduction, performance, 2013, Photo : Mariam Belghlid © Randa Maroufi

La Grande Safae, son dernier court métrage d’un genre plutôt hybride (entre documentaire et fiction), s’inspire librement d’un personnage - connu sous le nom de La Grande Safae - qui a réellement existé et qui a disparu dans les années 1980.
Travesti, il a passé une période de sa vie en tant qu’employé de maison dans sa famille, cette dernière ignorant sa véritable identité sexuelle.

De vrais témoins et des comédiens racontent des anecdotes et décrivent ce personnage énigmatique qui a été et restera "un mystère" pour sa famille. Quatre comédiennes et un comédien incarnent le rôle de Safae et participent tous à l’esquisse de portrait de cette personne insaisissable.
En mêlant histoire vraie et procédé fictionnel, Randa Maroufi pose la question de la mise en scène et de la véracité des faits tout en évoquant la perception du trouble de l’identité.

La Grande Safae, fiction, docu expérimental, 15’56’’, 2014. © Randa Maroufi - Le Fresnoy

La Grande Safae, fiction, docu expérimental, 15’56’’, 2014. © Randa Maroufi - Le Fresnoy

Randa Maroufi n'a pas fini de faire parler d'elle. Actuellement en pleine écriture de son prochain court métrage, vous la retrouverez au Billboard Festival de Casablanca en Avril 2015 et à l'exposition Panorama 17 au Fresnoy qui se tiendra de septembre 2015 à janvier 2016.

Retrouvez son travail sur : Randa Maroufi
Suivez la sur : Facebook
Pour en savoir plus sur : La Grande Safae


helene g.


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Alvaro Catalán de Ocón, designer

En 2011, le designer espagnol Alvaro Cat álan de Ocó n est invité en Colombie pour participer à un workshop organisé par Hélène Le Drogou - psychologue et activiste - pour évoquer le sérieux problème de pollution de l'Amazone colombien par les déchets plastiques. Face aux ravages grandissants du plastique, Alvaro propose du upcycling , c'est-à-dire du recyclage par le haut.  Naît alors le projet "Pet Lamp".  Ce projet propose de combiner le tressage colombien - tradition textile locale - et la bouteille de soda, une matière première pauvre disponible en grande quantité et à bas coût. effilochage de la bouteille ©  Alvaro Catalán de Ocón tressage ©  Alvaro Catalán de Ocón tressage ©  Alvaro Catalán de Ocón Le goulot de la bouteille de soda servira pour la douille et le corps sera tressé avec de la paille.  La diversité des couleurs, des formes et des motifs est alors infini. © Alvaro Catalán de Ocón © 

Cap Mystère : voyagez autrement !

Vous adorez le concept de Rendez-vous en terre inconnue , mais vous n'êtes ni une célébrité, ni Frédéric Lopez, et n'avez donc aucune chance d'y participer ? Rassurez-vous, il existe une alternative pour les anonymes mais non moins assoiffés d'aventure que nous sommes : Cap Mystère, une toute nouvelle agence de voyage en ligne lancée fin août 2014. Vous remplissez un questionnaire très détaillé sur vos attentes, votre budget, vos éventuelles contre-indications, et Cap Mystère se charge d'organiser le voyage de vos rêves, dont vous ne découvrez la destination que le jour de votre départ. Les jeunes pousses du tourisme Arnaud Huillin et Nathalie Lafay, fondateurs de Cap Mystère © AH/NF Derrière ce projet, on trouve Nathalie Lafay et Arnaud Huillin, un jeune couple français féru de voyage qui a eu l'idée de Cap Mystère lors d'une année sabbatique passée à parcourir l'Asie et l'Océanie. C'est alors qu'ils travaillent à ramasser

Karaage-ya, poulet frit au style japonais (Paris 11ème)

Karaage-ya © DR Frais et pas cher, Les Petites Rochelaises recommande Karaage-ya, un restaurant japonais situé rue Léon Frot dans le 11ème arrondissement de Paris. Tenu par deux jeunes femmes, cet établissement ne propose pas de sushis ou de makis, mais une spécialité japonaise qui fait fureur à Tokyo, le karaage . Préalablement découpés en petites morceaux et marinés dans de la sauce soja, de l'ail et du gingembre, des morceaux de poulet choisis sont plongés dans de l'huile bouillante et frits sous vos yeux. cuisse de poulet (sauce soja), sauce chili et onigiri soja, 7 €  © HG À la fois tendres et croustillants, les karaage se déclinent en différentes saveurs : sauce soja, sel ou spécialité du chef (poulet épicé) en portion de 200 g (6 €), 300 g (8 €) ou 400 g (10 €) pour les grosses faims. Vous pouvez les accompagner d'un onigiri (boulette de riz) ou bien les déguster dans un bento . Onigiri, 1 €  © DR Bento Karaage + riz + proposition du jou